GEAR : DES PRESSIONS SPÉCIFIQUES AUX WINGS

Gonfler votre wing à une pression appropriée implique de mettre de côté les références héritées du kite.

Bien que la construction d’une wing et d’un kite soit dans le principe très proche, considérer que ces ailes se gonflent à une pression similaire est une erreur qui peut ruiner votre session en un bruit sourd. On vous explique pourquoi dans cet article.

Une wing n'a pas les dimensions d'un kite

Certes, les ailes de kite et de wing ont en commun de déployer une structure gonflable, composée de bladders enveloppés d’un tissu très résistant comme le Dacron ou encore plus résistant comme l’UPE Aramid, habillée par une toile de spi légère, qui pour les ailes GONG, est rigidifiée et renforcée par un tissu en triple ripstop. Pourtant, la pression nécessaire pour rigidifier la structure gonflable peut varier du simple au double en raison des diamètres des boudins qui n’ont plus rien en commun avec le kite comme on peut le voir sur le tableau ci-dessous :

Quel est le rapport entre la pression et le diamètre de votre boudin ?

Il est prépondérant car la circonférence d’un boudin détermine directement, pour une tension de surface souhaitée, la pression qu’il convient d’appliquer.

Explications :

Pour comprendre les forces à l'œuvre sur une structure gonflable, il faut se familiariser avec la tension de surface. Pour une wing ou un kite, la tension de surface correspond à la force que subit le textile du bord d’attaque et de la latte centrale une fois que celles-ci sont gonflées. Cette force est en relation directe avec la pression ET le diamètre de votre structure gonflable. On étudie cette relation sur la section la plus large de la structure gonflable, au centre votre bord d’attaque, là où le tissu est le plus mis sous tension. La relation est la suivante :

Pour une pression donnée, c’est donc le diamètre qui détermine les tensions de surface (F) à l'œuvre sur une section (L) de votre wing. Et les grandes différences de diamètres illustrées dans le tableau ci-dessus impliquent des écarts de tension de surface considérables.

On observe dans ce tableau qu’une wing de 5m2 affiche un diamètre sur la partie centrale de son bord d’attaque qui représente 171% de celui d’un kite de 9m2 et 212% de celui d’un kite de 4m2. On passe donc du simple au double. Or, pour un diamètre qui double, les tensions de surface sont multipliées par 2, et il faut donc mettre 2 fois moins de pression pour obtenir une tension équivalente dans le bord d’attaque.

Prenons deux exemples :

Exemple 1

A pression égale, une wing de 5m2 avec un diamètre de 263mm, devrait supporter 1,71 fois (càd 263/154) plus de tensions de surfaces qu’un kite de 9m2 affichant un diamètre de 154mm sur son bord d’attaque. Soit une augmentation dangereusement importante des tensions de surface sur la section la plus large de votre structure gonflable.

Exemple 2

La différence augmente encore si on compare une wing de 7,5m2 et un kite de 9m2 avec pour une même pression, une différence de tensions de surface qui fait plus que doubler : 2,07 = 319/154. Si on considère qu’un kite de 9m2 doit être gonflé à 8 PSI, il faudrait, pour conserver une tension de surface identique sur une wing de 7,5m2, donc une rigidité comparable de sa structure, appliquer une pression de seulement 4 PSI (car la Force / Longueur = Pression x diamètre x Pi = 4 * 319 * Pi = 8 * 154 * Pi).

Wing foiler : Jules, staff GONG, en Superpower DP 5,5m2 et une HIPE Perf.

Un point central d’attention

On ne peut échapper à ce raisonnement purement physique, quel que soit le modèle ou la marque de votre wing. La relation entre tension, pression et diamètre explique d’ailleurs pourquoi la rupture d’un boudin soumis à une surpression se déclare systématiquement sur la section la plus large (le bord d’attaque de votre kite/wing sur un système one-pump ouvert). Raison pour laquelle des renforts et assemblages spécifiques sont mis en œuvre sur cette section de votre wing.

De plus, contrairement à un kite où les efforts sont répartis sur les multiples points du bridage, la section la plus large est également la plus sollicitée en wing (pumping, sauts,...). Une wing subit également plus de contacts avec l’eau et les vagues. Sa construction est donc nettement renforcée aux points clefs.

Grâce aux coutures, assemblages et renforts spécifiques dont bénéficient une wing, vous êtes efficacement préservé d’une rupture, même en cas d’usage intensif tel que celui de nos team riders avec des sessions à rallonge, un solide tricks par bord et parfois de violents crashs. Par contre, insuffler une pression préconisée pour un kite dans une structure gonflable deux fois plus large est un usage abusif (et sans intérêt du point du vu de la rigidité). Imaginez gonfler un pneu de VTT à 5 bars au lieu des 2,5 requis. La première racine d’arbre sur votre parcours risque de vous faire mal aux oreilles. C’est d’autant plus regrettable que 2,5 bars donnent la meilleure plage de fonctionnement à votre pneu.

Wing foiler : Malo, team rider GONG, en Droid UPE Aramid, Stunt FSP Pro, mât HM, Ypra Surf-Freestyle et stab Freestyle.

“J’ai toujours fait comme ca”

Oui, il est possible de gonfler une wing à la pression préconisée pour un kite sans que celle-ci n'explose. Les wings GONG sont par exemple conçues pour résister à une pression supérieure à la pression théorique de fonctionnement. Mais pour reprendre un des exemples détaillé plus haut, un kitesurfeur qui gonfle sa wing de 7,5m2 avec les mêmes précautions avec laquelle il gonfle habituellement son kite de 9m2, met en réalité 2,07 fois plus de charges sur la section centrale du bord d’attaque de sa wing. Une pratique qui n’est pas tenable. La fatigue induite par un sur-gonflage répété sera un jour la source d'une déchirure "inexplicable" car on aura gonflé “comme d’habitude”. Sans parler de la personne qui achète une wing d’occasion régulièrement sur-gonflée...

La tolérance d’une wing aux surpressions permet de naviguer un certain temps sans se douter que la pression de la wing est inutilement excessive. Au moment où la limite est franchie, c’est la surprise. Malgré les précautions habituelles il y a rupture, toujours au pire moment. Pour éviter de ruiner votre session et maintenir votre équipement en parfait état, suivez simplement les petits conseils dans la vidéo ci-dessous qui sont spécifiques au gonflage d’une wing.

Quelle est la pression idéale d’une wing?

Comme expliqué plus haut, la pression idéale sera différente pour une wing de 2m2 que pour une wing de 7,5m2. Pour ne pas se mélanger les pinceaux, on vous recommande la méthode illustrée dans la vidéo ci-dessus qui fonctionne quelle que soit la taille de votre wing et en l’absence de manomètre sur votre pompe.

En gonflant, prenez des pauses pour appuyer sur le bord d’attaque à hauteur de la latte centrale avec votre main:

Si votre wing plie énormément c’est qu’elle n’est pas assez gonflée.
Si votre wing plie légèrement, c’est qu’elle est assez gonflée. Une pichenette dans le bord d’attaque doit la faire résonner.
Si votre wing ne plie pas du tout c’est qu’elle est probablement trop gonflée.

Tel qu’illustré dans cette vidéo, référez-vous aux plis créés sous la pression de votre main. Sur une wing parfaitement gonflée, on observe uniquement des plis au niveau de la latte centrale lorsqu’on appuie avec la main. Si vous voyez des plis ailleurs, c’est que la wing n’est pas assez gonflée. S’il n’y a aucun pli, relâchez la pression en ouvrant progressivement une des deux valves.

Wing foiler : Julien, team rider GONG, en Plus Perf Series avec une Mint FSP 2X.

L’utilisation d’un manomètre

Des pressions de consignes sont renseignées pour nos wings. Toutefois, nous ne recommandons pas l’utilisation du manomètre pour gonfler votre wing pour plusieurs raisons :

La fiabilité du manomètre est aléatoire sur la plupart des pompes du marché;
La fiabilité du manomètre n’est pas garantie sur une pompe de qualité dont l’étanchéité du flexible peut s’altérer rapidement quand ses extrémités sont poncées par le sable;
La valve de gonflage est équipée d’un soufflet anti-retour qui ne permet pas de lire la pression autrement qu’en gonflant (encore plus) la wing. De plus, l’aiguille du manomètre bouge rapidement ne permettant pas une lecture précise de la pression.
La façon dont on vient connecter sa pompe à sa wing va aussi avoir une influence. Si par exemple la baïonnette du flexible est mal connectée (pas de quart de tour pour verrouiller), il peut également y avoir un différentiel de 3 Psi avec une baïonnette qui elle est verrouillée.

Prenez plusieurs pompes avec manomètre sur la plage et faites le test, vous risquez d’avoir quelques surprises d’une pompe à l’autre. Et notez qu’une différence de 2 PSI est déjà énorme pour la structure de votre aile. Il en va de même pour les pompes électriques qui affichent très souvent 2 PSI de plus que ce qu’affichent les manos sur les pompes à main. Et contrairement à vous, la pompe électrique ne prend pas l'initiative de s'arrêter quand de toute évidence la wing est visuellement largement assez gonflée.

De plus, comme expliqué plus haut, la pression idéale est spécifique à chaque wing. Se référer à une grandeur en Psi d’un manomètre pourrait dans la précipitation d’une session provoquer une confusion dommageable. Par exemple, gonfler votre 6m2 à la pression habituelle de votre 4m2. Alors que le test manuel repris ci-dessus est fiable quelle que soit la taille de votre wing.

Les choses sont différentes sur un kite car les tensions de surface à l'œuvre sont nettement moins élevées à pression égale ce qui implique plus de tolérance. De plus, les variations de diamètres sont moins importantes d’une taille à l’autre. Raison pour laquelle les manomètres de nos pompes n’indiquent pas de fourchette de pression pour la wing.

Retenez qu’une wing n’est pas un kite, et qu’une wing n’est pas l’autre :

A titre d’exemple et pour des wings en construction Dacron, car la résistance à la pression d’une wing en UPE Aramid est naturellement plus élevée, on peut observer une évolution du simple au double pour les pressions de consignes :

Prudence et expérience

La plus grande sensibilité à la pression d’une structure gonflable à large diamètre comme une wing invite à la prudence lorsqu’on débute. Mieux vaut être légèrement en dessous de la pression idéale que d’être victime d’une mauvaise surprise. Au pire, si vous avez sous-gonflé votre wing de telle sorte que vous sentez un manque de rigidité, il suffit de revenir au bord pour deux trois coups de pompe sur la plage. La pression idéale se joue parfois à deux trois coups seulement donc à nouveau, allez-y pas à pas. Avec l’expérience, on acquiert une bonne appréciation de la pression en se référant à la méthode reprise plus haut.

Wing foiler : Mélissa, staff GONG, en Plus Perf Series avec une HIPE Perf.