INTERVIEW : VOLER À L’INFINI EN DOWNWIND : MYTHE OU RÉALITÉ ?

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25 octobre 2022 0

Alors qu’une session de surf se résume parfois à une poignée de vagues, les adeptes de downwinds partagent sur les réseaux des images dans lesquelles ils se gavent sur des kms. Pourtant, cette pratique qui paraît incroyablement fun reste peu répandue.

On s’est adressé à un team rider maison et fervent pratiquant, Mathieu Fouliard basé à Tahiti, afin de démystifier pour le grand public cette bluffante extension des sports de glisse.

Salut Mat, comment as-tu commencé le downwind et quelles sont les bases pour se lancer ?

Pour commencer il faut savoir que la rame ici en Polynésie c’est culturel et que l’on rame dès le plus jeune âge. On a tous commencé sur des pirogues, puis le SUP est arrivé et surtout pour en revenir au sujet, le downwind en SUP avant le SUP foil. Toutes ces étapes m’ont aidé pour la chose la plus importante, la lecture du swell, comme un wing foiler ou funboarder peut lire les risées sur l’eau…

J’ai donc un background qui m’a beaucoup aidé mais pas besoin d’être en Polynésie pour se lancer. Je dirais que pour commencer tu peux déjà voir ce que tes jambes et ton cardio sont capables d’encaisser sur une petite session dans de toutes petites vagues. Si tu es capable de pomper 1 min sur un surf foil sans monter dans les tours en contrôlant ton cardio, t’es ready pour partir au large et anticiper des parties flat entre les sets sans problème.

La wing peut aussi t’aider pour comprendre le swell au large en toute sécurité, mais quand tu commences à maîtriser la wing devient handicapante avec le vent vitesse qui te la met dans tous les sens.

Physiquement il n’y a pas photo, faut être tonique, surtout pour le départ ou tu prends cher. Le surf foil en downwind est peut-être plus simple car tu n’as pas à gérer l’adéquation de la rame et du pumping que t’as en SUP foil.

Une expérience en foil tracté (wing, kite ou wake) est intéressante mais ne suffit pas, même si le but est de limiter le pumping au minium en restant sur la power zone de la houle, il faudra inévitablement raccrocher des trains de houle en pompant avec le foil. Le dock start peut aider si on a pas l’occasion de s’entraîner en surf foil ou SUP foil.

Downwinder : Mathieu, team rider GONG, en Flint FSP Pro et Foil Pro Fluid H.

Que peut-on réellement espérer en termes de performances sur l’eau ?

En termes de performances c’est fou et rien n’est fake, on vole vraiment à l’infini, quand tu goûtes au SUP foil ou surf foil en downwind tu ne reviens jamais sur la pirogue ou le SUP. La vitesse est de ouf mais du coup tu as un nouveau paramètre qui se met en place c’est que tu dois beaucoup plus anticiper ta lecture de l’océan et de la prochaine connexion pour pas te retrouver en perte de vitesse, ou bloqué derrière un bump.

Je peux faire un run de 10 bornes sans perdre le vol. Si je chute c’est parce que j’ai franchement abusé dans un carve. Avec une assistance ou en SUP foil tu peux repartir. Au début tu vas souvent t’arrêter parce que tu restes sur tes bases d’aller en ligne droite comme on le ferait en SUP Race ou avec une pirogue. En foil tu peux gérer quasi à 360 degrés, revenir un peu sur tes pas, rester en haut d’un bump, passer deux bumps avec l’aide d’un coup de rame en SUP foil.

Quelles sont les bonnes conditions pour apprendre ?

Pour les conditions alors définitivement, de la houle de vent avec au moins 15 nœuds pour avoir de jolis bumps bien formés. Surtout pas de houles croisées, c’est la misère à gérer. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, une grosse houle de fond sans vent comme souhaité pour le surf ne fait pas l’affaire. Il faut surtout un vent qui pousse, c’est un downwind après tout. S’il y a un bon vent, on a en général rapidement la houle de vent qui suit.

Comment se passe le premier take off ?

En SUP foil le départ est plutôt simple mais très tonique. Quand tu vois une petite déferlante, dis toi que juste derrière il va y avoir un phénomène d’aspiration et c’est là qu’il faut être tonique, ramer et pumper. Mais sincèrement si tu as le bon matos et les bonnes conditions c’est super easy.

Sur du matos de surf foil il faut une assistance pour décoller (kite foil ou jet) ou une configuration du spot qui permet de faire un take off sur une petite mousse, voire un beach start si t’as le cardio pour tenir 10 minutes 😉

Kitesurfer et surf foiler : Mathieu et Maceo, team rider GONG, en Kite Freewave et Kite Foil Board Catch FSP 2X.

Quel est le bon matos pour apprendre et quel matos utilises-tu aujourd’hui ?

Il faut avoir développé ses skills dans de petites vagues au bord. En surf foil la Lance est top pour ça avec son confort de rame. A compléter avec un foil porteur et tolérant comme le Rise ou un X-Over. Pour le SUP foil, c’est plus progressif. Il faut évidemment avoir un bon niveau en SUP et ensuite se lancer avec une board qui met en confiance comme la Zuma.

Aujourd’hui en SUP foil j’utilise la FLINT en 5’8 et la Fluid XXL-H pour des conditions de 20 nœuds, si plus de vent je passe en Fluid L-H et je reste sur un mât de 70. J’ai testé avec un 85cm et je trouve que le départ est beaucoup plus physique, comme si le foil manquait d’info pour sortir rapidement.

Lorsque que je fais un downwind en surf foil, j’utilise une Catch de kite foil lorsque j’ai l’assistance d’un jet pour son inertie minimale, ou une board classique de surf foil si je veux plus de sécu pour ramer…

Downwinder : Maceo, team rider GONG, en kite foil Board Catch FSP 2X et Foil Pro Fluid H.

A quoi ressemble une session de downwind ?

L’organisation est plutôt simple où je suis. Avec Hina ma compagne, on sort par une passe pour rejoindre le large et on rentre par une autre passe pour le retour dans le lagon et on revient au point de départ. Sur la côte est de Tahiti tu peux partir des plages, ici chez moi sur la côte ouest, soit tu rames déjà une heure pour rejoindre le large soit t’as un jet pour la safety et les photos bien sûr.

J’ai un parcours qui fait 10 km. Je peux le faire trois fois dans l’aprem avec une vitesse moyenne de 20km/h. Une fois en vol quand les conditions sont réunies, bah si t’es doué t’as pas grand-chose à faire et encore plus avec les nouveau foils comme les gammes H à haut ratio, c’est même un sport ou tu as tendance a prendre du poids (lol) je bouffais plus de calories à l’époque en SUP Race ou en pirogue.

Quelles sont les sensations sur l’eau ?

Après je te cache pas que les sensations sont de ouf, tu vas vraiment vite et puis une île vue du large c’est de ouf.

Downwinder : Maceo, team rider GONG, en surf foil Board Lethal EPS et Foil Pro Fluid H.

Des conseils pour une bonne pratique ?

Prendre le large ne s’improvise pas. Il est essentiel de le faire à plusieurs avec une équipe qui sait ce qu’elle fait. Une avarie ou une chute insignifiante au bord peut prendre d’autres proportions si on est à 800m de la plage.