INTERVIEW : INGRID ULRICH AUX ILES LOFOTEN !!!

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INTERVIEW : INGRID ULRICH AUX ILES LOFOTEN !!!

Notre ambassadrice Ingrid Ulrich est revenue des Iles Lofoten. Cet archipel situé au-delà du cercle polaire a été le théâtre de sa dernière expédition en SUP.

“Il n’y a que dans ces grands espaces où je me sens bien, où chaque chose doit être méritée, où rien n’est dû.”

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Ingrid, j’ai 43 ans aujourd’hui et je pratique le SUP depuis quelques années.

Qu’est ce qui te pousses à partir en expédition ?

Mon histoire est un peu longue et je pense que maintenant tout le monde la connait. Ma vie a fait que j’ai besoin de m’évader et de réaliser mes rêves. Alors GO ! Cap au Nord ou ailleurs ! Les conditions de vie ne sont pas “grand luxe” en expédition mais dès que j’en finis une, je pense déjà à la suivante. Je ne sais pas pourquoi, c’est comme ça. Il n’y a que dans ces grands espaces où je me sens bien, où chaque chose doit être méritée, où rien n’est dû. Vivre doucement (à la vitesse de mon coup de pagaie), vivre de choses simples, très simples et se contenter de l’essentiel : trouver un abri pour y passer la nuit, manger et dormir. Être loin de tout et retrouver le silence de la nature. Voilà ce qui me plait.
“Les montagnes qui côtoient la mer, les petites cabanes rouges et les majestueux fjords, un formidable terrain de jeu pour vivre une aventure.”

Comment choisis-tu tes destinations et pourquoi avoir choisi les Iles Lofoten ?

J’ai toujours été attirée et fascinée par les régions polaires. C’est comme débarquer sur une autre planète. La nature, la faune et la flore : tout est différent ici, plus intense, plus grand. Mes derniers trips en SUP furent l’Islande et le Groënland. Les iles Lofoten et la Norvège arctique sont des endroits qui me faisaient rêver. Il parait qu’elles font parties des plus belles iles du monde. Les montagnes qui côtoient la mer, les petites cabanes rouges et les majestueux fjords font un formidable terrain de jeu pour vivre une aventure. Dans les destinations incontournables et légendaires de l’Arctique, il y a aussi l’archipel du Svalbard, mais là, la sécurité est très compliquée à cause des ours polaires, mais j’y réfléchis, peut-être un prochain trip 😉

Pourquoi as-tu choisi de partir à cette période de l’année ?

Pour mille et une raison. D’abord parce que l’on m’a dit que cela n’était pas possible en SUP en plein hiver. Donc forcément, il fallait que je vérifie ! L’hiver c’est aussi la période des aurores boréales. Peu de phénomènes naturels sont aussi impressionnants. En voir, c’est magique et surréaliste ! Donc c’était le moment d’y aller. De plus fin février, la durée des jours commence à être convenable (avant c’est la nuit polaire). Et surtout, en hiver, la sensation d’être seule au milieu de nulle part est vite présente, devant l’immensité des paysages.

Comment s’est déroulé ta préparation physique et mentale ?

Aucune pression ! Ce n’est pas une compétition, mais une aventure pour m’en mettre plein les yeux et savourer chaque instant que la vie me laisse respirer. Je bois de la bière et je mange du saucisson (mais je porte du vernis à ongle ?) Il faut profiter de la vie, bien entendu dans la mesure du raisonnable. Par contre, je prépare avec minutie mon aventure : je prévois un itinéraire, des plans B et C, j’étudie les cartes, la météo, les courants, les marées, les phénomènes divers… Mon matériel est également en adéquation avec le grand froid et la survie en milieu marin et/ou hostile.

Quels types de conditions as-tu rencontrés ?

C’est là où ça se corse. Les îles Lofoten en février, c’est un trip SUP audacieux car tout dépendra de la météo, bien capricieuse en plein hiver. Mais qui ne tente rien, n’a rien ! J’avais prévu de partir du sud des iles et de remonter le plus possible vers le nord. Mais le vent (très souvent violent) et les tempêtes de neige (visibilité nulle) ont réduit mon parcours. Il y a aussi beaucoup de courant dans les détroits. Je n’ai pas pu faire tout ce que j’avais prévu mais je me suis régalée quand même !

L’option brise-glace sur ton SUP t’as sauvé plus d’une fois, non ?

Il faut savoir que dans les iles Lofoten, même au-dessus du cercle polaire, grâce au courant du Gulf Stream, la mer ne gèle pas. Par contre, le fond des fjords où j’allais souvent planter ma tente pour y passer la nuit, lui était souvent gelé, d’où les vidéos SUP-Brise glace que j’ai publié sur ma page Facebook.

Peux-tu nous décrire ton équipement ?

Pour naviguer je porte une combinaison étanche avec pieds, des bottillons de plongé 7 mn à semelle rigide, un gilet de sauvetage multipoches (pour y mettre entre autres le matériel de sécurité : miroir, VHF, téléphone, sifflet, couteau, boussole, fusée…), un bonnet en Néoprène et des gants waterproof de chantier grand froid. En dessous des chaussettes épaisses en laine mérinos, un legging en mérinos + un caleçon polaire ; pour le haut une première couche en laine mérinos, un pull polaire + une doudoune légère. Pour le reste du matériel, tout est stocké dans des sacs étanches (marque Zulupack) et les sacs sont sanglés sur le SUP. Un sac est toujours prêt et accessible avec le minimum pour survivre. Pour les bivouacs, j’ai une tente 4 saisons qui résiste aux forts vents et au poids de la neige, un sac de couchage grand froid (jusque -20 degrés), un matelas pour m’isoler du sol gelé et pour manger j’ai un réchaud à essence (et un autre à gaz) avec des repas lyophilisés. Je suis partie avec une canne à pêche, mais aucune touche, contrairement au Groënland où je mangeais du poisson frais tous les jours. En ce qui concerne le SUP : La COUINE MARIE CRUISING 12’6 double chambre (niveau sécu, y’a pas mieux qu’un double chambre), 2 pagaies : si je casse celle avec laquelle je rame ou si je la perds dans l’eau, j’ai toujours l’autre. Et bien sûr un leash, indispensable également à ma sécurité.

T’es-tu retrouvée en réel danger pendant ton expédition ?

Non, car je connais mes limites. Je ne prends aucun risque. Trop de vent, je reste à terre. Et si le vent se lève, je vais me poser sur une plage ou un ilot. Cela peut arriver de passer 24h dans la tente à attendre que les conditions de navigation s’améliorent. J’ai fait le tour de chaque fjord car il y avait beaucoup trop de courant pour les traverser d’une rive à l’autre. Mes aventures sont mes vacances, je ne suis pas là pour me mettre en danger. Je n’ai rien à prouver à personne, ni même d’exploit à réaliser. Sur les côtes des îles Lofoten, le vent glacial souffle fort, la température de la mer est à 1 degré et celle de l’air est négative. On n’a pas le droit à l’erreur !

Qu’est ce qui t’as le plus marqué ?

Le silence et les couleurs. Les montagnes blanches contrastent merveilleusement bien avec le bleu glacial de l’eau. La nature du Grand Nord est exubérante, dévorante, et ce, presque à l’excès. Sur les trois quarts du territoire, pas un bruit sauf celui du vent qui se heurte à de hautes montagnes et glisse sur des lacs et glaciers. Les lumières aussi : imaginez un croissant de sable blanc ourlant une baie aux eaux cristallines bleu-vert, avec en toile de fond des pics arctiques enneigés : voilà à quoi ressemblent les quelques plages des Îles Lofoten, dans la douce lumière froide du jour.

Qu’est ce qui a été le plus difficile lors de ton expédition ?

Trouver un endroit où planter la tente pour y dormir. Il y a peu de plage, beaucoup de falaises et de rochers. De plus, il y avait un fort enneigement.

On a pu voir sur ta page Facebook que tu as rencontré des ex de ton mec. Comment se sont passées les retrouvailles ?

Haha, elles faisaient moins les malines là ! Suspendues à sécher comme des morues ? J’avoue cela n’était pas très gentille mais la blague était tellement tentante ! Donc plus sérieusement, Les îles Lofoten c’est aussi la morue qui sèche. L’hiver, c’est la pleine saison pour la pêche. L’odeur est omniprésente dans tous les villages. Des étendues de séchoirs sont chargés de morues qui vont sécher là jusqu’au mois de juin. Même le vent soutenu n’arrive pas à balayer la forte odeur qui règne ici, je vous laisse imaginer. Mais cela fait partie du décor ! Et une chose est sûre : la morue ça pue bien sévère, même dans le froid !

Bon alors, les trolls existent ou pas ?

Lorsque la lune se lève, tout peut arriver. Moi, je n’en ai rencontré que des gentils. Mais j’ai un conseil : au hasard de vos balades, si vous rencontrez un troll, ne le contrariez surtout pas, ses colères sont réputées pour être terrifiantes.

Ta prochaine expédition est-elle déjà planifiée ?

Oui elle est organisée depuis un moment mais avec cette crise sanitaire que traverse la Planète, cela va être compliqué. De plus je devais remonter un fleuve à travers la jungle pour aller à la rencontre d’un peuple, et maintenant avec du recul, je me dis que cela est porteur aussi de maladie. Alors je vais certainement revoir ma charte du “bon aventurier” et réfléchir à tout cela. Ce qui nous arrive aujourd’hui est historique, la planète a certainement un message à nous faire passer. A nous de l’écouter et de changer peut-être. Aventure à suivre… SUPeuse : Ingrid, ambassadrice GONG, et sa GONG SUP 12’6 Couine Marie double chambre gonflable 2020.

Vos commentaires

Envoyé par Agnes

Superbe expédition et ce reportage donne vraiment envie
Une ambassadrice hors du commun et toujours plein d humour
En attendant la future aventure

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