Voici le récit passionnant de Sophie, SUPeuse de l’extrême mais à la cool :
“Nous sommes marins, propriétaires, Didier, le captain, Sophie,
marin cuisinière, Cloé, hotesse marin, Nino, marin – guide activités, de Sauvage, un voilier de 18,20 m que nous avons construit au Brésil
sur un dessin francais, dériveur intégral. Nous voulions un voilier
pouvant nous mener sous toutes les latitudes aussi bien tropicales que
froides et surtout nous recherchons les endroits reculés et isolés,
loin de la foule. Notre passion c’est l’exploration, la navigation
dans des coins sauvages et le faire partager à nos passagers. Nous
organisons des croisieres – expéditions, aventures pour des particuliers
, ou des équipes de montagnards, surfers ou équipes TV documentaires ou photographes, ou des scientifiques.
Sauvage, c’est notre vie, notre job et notre moyen de transport autour du monde. Dernièrement nous étions plutot entre le Grand Nord et le Grand Sud, c’est vrai que cette année nous étions plus en mer qu’au mouillage… Par exemple, nous étions en expédition en mer de Bering, à partir des Aléoutiennes, Alaska (là, je n’ai pas pu mettre le SUP à l’eau, trop de vent tous les jours) et Nome, la ville de la ruée vers l’or, l’or est dans le sable de la plage, d’ailleurs on en trouve encore et les gars campent comme dans le temps dans des tentes bien rustiques sur ces plages battues par les vents et les vagues de Mer de Bering, même image de chercheurs d’or du début du siècle… puis nous sommes redescendus en Californie, le temps de faire un chantier peinture et direct, Gambier et le Détroit de Magellan, cote Pacifique en oct /nov pour être pret à commencer notre saison croisieres Antarctique et Patagonie dec/janv. Nous avons calculé, cela fait plus de 250 jours en mer en traversées l’an dernier.
On a fait deux étés, celui de l’Hemisphère Nord et sommes arrivés pour l’été austral à Ushuaia.
A Ushuaia, à quai, cette longue board de SUP sur le pont de Sauvage
attire tous les regards et provoque des questions. Après avoir donné
les explications aux curieux des pontons, je leur dis en rigolant que
je compte en faire en Antarctique et en disant cela, je me rends compte
que, waow! je risque d’être la 1ère femme à faire du SUP dans le Sud…
Là bas, à Ushuaia, c’est le depart de toutes les croisières pour le
Grand Sud, des expéditions, des défis… C’est la tendance
dernièrement, il faut être le 1er à faire quelquechose de fou,
inhabituel, cette destination Sud attire tous les dingues de l’extrème. L’Antarctique est un lieu magique et fabuleux en lui même et les
croisières que nous organisons là bas sont deja bien “Aventure ‘” rien
que par la destination elle même. Et cette dernière saison a été marquée par des évenements exceptionnels : d’abord une météo spécialement éxécrable avec son train de depressions au cap Horn, non stop, sans pause entre les coups de vents, nous étions bloqués dans le dernier mouillage du cap Horn à attendre la fenêtre météo pour traverser le plus vite possible le Passage Drake qui sépare le Cap Horn de la Péninsule Antarctique, au moins 3 jours de navigation dans la grosse houle du Pacifique.
Et quand enfin nous avons pu pointer l’étrave de Sauvage dans le Passage Drake et passer le Horn, nous croisons le 2e concurrent de la course Vendée Globe Challenge, lui, toutes voiles dehors qui remonte vers l’Atlantique, et nous déjà bien arrisés pour traverser le Drake, belle
rencontre et belle coincidence.
Et enfin quand nous arrivons en péninsule Antarctique, nous découvrons
le 1er mouillage bien enneigé, record de neige cet été austral en
Antarctique… alors le Global warming ??? Nous arrivons sous de gros
flocons et bien vite les snowboards sont de sortie, les luges et nous
explorons les abords des glaciers en restant prudents pour les crevasses. C’est l’émerveillement pour nos passagers qui en revaient. Nous marchons en bottes de mer dans la neige fraiche, au milieu des manchots (si ca ne vous gêne pas, je vais écrire “penguins” à l’anglaise, car décidément ça ne me plait pas ce mot “manchot “, ils sont loin d’être
manchots). Ils sont tellement agiles dans l’eau, et sur la neige, ce
dandinement leur fait faire une longue route jusqu’aux nids, parfois
des sommets élevés, et les descentes se font sur le ventre. Ils
viennent tester les snowboards et les bottes avec leurs becs. Je ne
peux pas mettre le SUP à l’eau, trop de vent et du brash (petits
morceaux de glace) ce jour là.
A bord de Sauvage, nous transportons tous les “jouets” de glisse que
le capitaine nous permet de stocker… C’est une chasse au poids et
volume à bord permanente… Nous arrivons à stocker des skis de fond,
de descente, des luges, des snowboards, une pulka d’expédition donnée
par la base chilienne, des surfs, un SUP, et des kayaks. Ce n’est pas le top et nous ne sommes pas des athlètes ni des pros de la glisse, ni des champions, c’est pour le fun et faire partager aux passagers notre passion pour tout ce qui touche la glisse et l’aventure sans tomber dans les extrèmes.
Pourtant pour l’extrème, c’est vrai qu’en Antarctique, il y a de quoi
faire. Les sportifs de haut niveau, les montagnards viennent dans le Grand Sud pour ce coté défi extrème. Beaucoup de “grandes premieres” y ont été réalisées : des surfers californiens sont venus surfer il y a quelques années à Elephant Island, aux iles Shetland, là où Shackleton a aterri en baleinière avec son equipage de l’Endurance. Les montagnards sont venus grimper les sommets de la Péninsule, en partant du Iceshelf super dangereux, des plongeurs sous glace sont venus filmer les “penguins”, les orques, les léopards de mer. Il y a eu un
paramoteur, et un kitesurfer a failli venir cette année, une nageuse
américaine a nagé 4 ou 5 km dans la baie Paradis.
Et voila, cette année, c’etait Nino et moi en SUP, les 1ers, on peut dire alors j’imagine que je suis la 1ere femme à SUPer en Antarctique, et Nino, le 1er teenager en boardshort à SUPer en Antarctique. Alors le suivant qui voudra faire un scoop devra le faire à poil et sur une vague de glacier. Hey ! on peut t’emmener en Antarctique Laird…
Nous avons eu une météo assez perturbée, neige et vent, des icebergs,
ce qui n’a pas aidé pour faire du SUP mais excellent pour le snowboard,
et la vie animale était trop riche. Il n’y avait pas un jour où on ne
voyait pas de phoques, des léopards de mer, des penguins, des
baleines, des orques.
En fait je n’ai pu mettre le SUP à l’eau que 3 fois, je suis la
cuisiniere du bord, donc assez occupée, mais j’arrive à m’organiser
pour la partie fun et le mouillage de Cuverville était l’endroit parfait, pas de vent ce jour là, des flocons de neige tombaient, on avait la
colonie de “penguins” qui “trompetaient” à terre, et une baleine pas
loin du mouillage. J’ai eu beau “paddler” à fond, pas possible de la
rattraper elle a sondé, mais c’est là ou le SUP a été magique, les
flocons, l’eau claire, je voyais le fond et les penguins passer et
repasser sous la planche, les phoques qui me regardaient passer
tranquilles sur leurs growlers, et des icebergs beachés tout autour de
l’ile, et l’arche de glace parfaite, tout y était. C’était tellement beau que j’arrivais à endurer la congélation progressive de mes pieds. J’avais enfilé une combi néoprène de surf utilisée normalement dans les
eaux froides de Californie et des bottines néoprène. L’eau est à 2 degrés, dur dur…
Et il y a eu le jour beni ou Sauvage s’est retrouve encerclé d’orques,
Didier a coupé le moteur, ils longeaient la coque, plongeaient et nous
observaient en position verticale, puis deux orques se sont approchés de la jupe (la plateforme arrière) de Sauvage où tous les photographes du bord étaient en attente de la photo du siècle et là, Nino a pu caresser les deux orques, incroyable ce contact avec des animaux sauvages, leur curiosité… Nous étions tous sous le choc de l’émotion et
j’avoue ne pas avoir pense à mettre le SUP à l’eau, pas trop rassurée
non plus…
En parlant de danger possible en tant que proie, il faut parler des
léopards de mer, le 2e prédateur de l’Antarctique après les orques,
qu’on croise souvent, ils se dorent au soleil sur les growlers, nous
les approchons en voilier, l’étrave a touché la glace mais nous devons
chaque soir au mouillage remonter le zodiac, car ils sont très joueurs
et adorent mordre dans les zodiac et jouer avec les palmes des
plongeurs… Ce sont de très grands phoques mais avec beaucoup plus de dents, très puissants, et une tête assez reptilienne, style retour du
Jurassique…
J’avoue avoir scruté plus attentivement l’eau dans la baie de Port
Lockroy, la base Anglaise, d’autant plus que les anglais et les
plongeurs d’un autre voilier nous avaient prévenus que Port Lockroy était riche en léopards de mer, qui se goinfrent de penguins dans cette baie. Nous étions un peu inquiets pour nos pieds, mais pas de léopards de mer ce jour là. Par contre quelle super journée de soleil, presque
tropicale, nous avons fait la totale, Nino en boardshort et pieds nus
devant les glaciers et les icebergs, et moi moins courageuse et plus
frileuse, en combi néoprène toujours et bottines, mais quand même avec la touche tropicale, SVP, la couronne de fleurs Tahiti et les colliers
de fleurs Hawaii… Les copains de Tahiti m’avaient expressement demandé de faire des photos dans la glace. Les passagers et Nino ont nagé !!! BRRR…
Nous avons croisé deux autres voiliers charters et deux de leurs équipiers et passagers ont voulu essayer le SUP, nous nous sommes mis en radeau, dans le détroit Bransfield, au milieu des icebergs et vue panoramique de glaciers, grand beau temps. Les deux gars sont tombés plusieurs fois, pas idéal en eaux froides pour apprendre mais ils remontaient très vite !!! et l’adrénaline aidant, ils arrivent à rester dessus en position plus ou moins esthetiques… bonne rigolade entre les bateaux. Ils m’ont avoués avoir eu beaucoup de mal à se réchauffer par la suite…” Sophie
SUPer : Sophie Wattrelot and friends on a GONG SUP 12′ in Antarctica.

Source : www.sauvageocean.com, Sophie and Didier Wattrelot, smart and funny guys around the world aboard the Sauvage and on a GONG SUP !!!