INTERVIEW : LA PROGRESSION EN FOIL VUE PAR UN TOUCHE-À-TOUT !!!

Pour progresser en foil le secret est assez simple, il faut de bonnes conditions, un matériel adapté à son niveau et surtout… passer du temps à l’eau 😉 ! Pour cumuler des heures de vol, multiplier les supports est une bonne solution car en plus de passer plus de temps à l’eau on évolue dans des conditions variées avec un matériel différent.

C’est la voie qu’a empruntée notre ambassadeur Yohann qui se partage entre le wing foil, le surf foil et les dock starts, tout en continuant à pratiquer le SUP et le surf quand les conditions se présentent. Il nous fait le plaisir de partager son expérience, les étapes clefs et le matériel qui lui a permis d’atteindre un niveau qu’il n’osait pas imaginer à ses débuts.

Bonjour Yohann, comment as-tu débuté le foil ?

J’ai commencé le foil par la wing. J’ai un passé de windsurfeur. J’ai donc été naturellement attiré par ce nouveau sport. Ma première planche était une Zuma 6’9 130L avec une aile avant Rise XXL sur un mât de 65 et une wing 7m originale. J’avais laissé un compte rendu de mes premières sessions sur le forum. J’ai pas mal marché au cours des 3 premières sessions qui ont été faites dans des vents trop fort (après la première session je suis venu demander sur le forum pour des conseils sur “comment faire pour que la planche ne s’envole pas” …) ou trop faible. La quatrième était la bonne : 20 nœuds, un plan d’eau plat. J’ai volé directement de façon fiable dans les 2 sens. Il a tout de suite été évident qu’il me fallait un mât plus grand pour la suite.

Quelles ont été les étapes clés qui ont boosté ton niveau en foil ?

En wing les points clefs étaient : 

Les premiers vols contrôlés sur le foil : woaw quelle sensation incroyable !

L’achat du Stab Surf 55 : ça faisait un paquet de sessions que je passais un jibe par ci / par là d’un côté et 1-2 par session de l’autre, mais que je n’avais pas l’impression de vraiment progresser. Le jour où j’ai monté le 55, d’un coup j’en réussissais la majorité des 2 côtés, une fois acquis je n’avais plus besoin de cette aide, mais je l’ai réutilisé pour me mettre en confiance à d’autres étapes plus tard.

La première session avec des vagues formées mais non cassantes : ça faisait un moment que j’essayais de surfer de la houle du large mais sans réel succès, même pour des houles de taille conséquentes, et puis un jour de baston, en arrivant sur un spot de plat, il y avait cette petite vague qui se levait sur un banc de sable au large du spot, qui frisotait mais ne cassait que très rarement : j’ai fait une session incroyable et ça a vraiment changé ma pratique pour la suite.

Commencer le surf foil :

Surfer sur le foil sans la wing m’a permis de faire des choses différentes dans les vagues, de franchement améliorer mon pumping, ça a beaucoup amélioré mon surf en wing. La Mint : passer d’une planche de 6’6 à une planche de 5’0 a nécessité une adaptation sur 3-4 sessions mais une planche si courte change vraiment le surf : au lieu de devoir reprendre la wing sans arrêt dès que la vague s’écrase trop ou pour préparer un jibe de sortie, tous ces petits passages peuvent se faire en pompant avec les pieds, l’aile à la traîne, du coup l’impression de surf n’est plus interrompue. En plus dans les surfs et les transitions : tout est plus fluide, il n’y a plus ce risque de toucher avec le nez en cas de pumping trop bas.

En surf foil je n’ai pas souvenir de palier ou de grosse étape, la progression est beaucoup plus régulière, bien sûr il y a eu la première reconnexion, puis la première reconnexion multiple mais ce sont toujours des progrès qui s’étalent. Les progrès un peu plus brusques arrivent essentiellement quand la météo ou mon planning font que j’alterne plusieurs sessions de surf foil puis plusieurs sessions de dock start ou inversement : dans ces cas là je sens bien les transferts entre les pratiques.

Le choix du matériel est déterminant pour progresser. A quoi ressemblait ton quiver lors de tes débuts et comment a-t-il évolué ?

J’ai commencé par la wing sur une Zuma 6’9 130L avec un XXL Rise sur un mât de 65 et une wing 7m originale. J’ai vite complété avec un mât de 90 pour aider avec les décrochages. La Zuma 6’9 FSP a été remplacée par une Zuma 6’6” FSP2x pour pouvoir monter des straps. Puis plus tard par la Mint 5’0, et je suis aujourd’hui sur une Lethal 5’3. L’aile XXL Rise a été complémentée par une XL Curve, puis plus tard par une XL-T Curve qui est maintenant mon aile par défaut. Côté wing j’ai surtout essayé d’augmenter mes plages de vent au début : donc j’ai pris une 5 Plus puis un proto 9 Plus que je n’ai pas gardée (mais que j’ai regrettée), la 7 originale a été remplacée par une 7 Pulse. Une opportunité m’a fait remplacer la 5 Plus par une Pulse. Aujourd’hui j’ai une Neutra 5 qui remplace la 5 Pulse et qui a franchement mangé dans les plages de vent de la 7 Pulse qui ne sort presque plus depuis l’arrivée de la Neutra.

En surf foil j’ai été beaucoup plus stable : j’ai commencé avec une Matata 5’8 et une XL Rise, il est très vite apparu que j’étais beaucoup plus à l’aise en Curve XL ou XL-T, du coup je n’ai utilisé quasiment que la XL-T. J’ai une XXL Veloce qui arrive pour essayer d’augmenter mes distances de pumping : on verra si j’arrive à la gérer et si je l’apprécie au surf. La Matata est vraiment volumineuse avec ses 61L par rapport aux 45L de mon surf habituel mais, sur un de mes spots préférés, la vague est tellement molle et les distances parcourues sont tellement longues que c’est difficile d’envisager de réduire. Je vais certainement ajouter une planche à mon quiver pour pouvoir monter des straps, mais ça ne sera probablement pas un remplacement.

Tu partages régulièrement des sessions de pumping à partir de dock start. Comment se déroule une session ?

Je peux faire du dock start à 5 minutes de chez moi, les spots de surf ou de wings sont tous à au moins 20 minutes, du coup beaucoup de mes sessions de dock start se font quand je n’ai pas assez de temps pour aller plus loin : ces sessions durent souvent 30-45 minutes. Mes sessions les plus longues ne doivent pas dépasser 1h30 je pense, après, de toute façon, mes jambes ne suivent plus.

J’ai du mal à estimer le nombre de départs par session : au début je comptais plus ou moins 1 minute par départ (le temps de lancer, pomper 2-10s, nager jusqu’à l’échelle, revenir au point de lancer) plus un repos tous les 3-4 départs. Aujourd’hui un départ réussi c’est 30-45s de vol et retour plus ou moins au point de départ, donc pas beaucoup plus long, par contre il me faut un temps de récupération à chaque fois.

Il faut prendre quelques précautions. J’effectue mes dock starts dans un port donc il faut choisir son endroit ou ses moments pour être sûr de ne pas se retrouver sur la route d’un bateau. Je porte un casque, il ne m’a jamais servi mais il ne me gêne pas et une rencontre tête-ponton ne serait certainement pas agréable. Au début je portais ma veste d’impact mais j’ai abandonné, c’est trop chaud et puis je me dis que je ne vais pas si vite que ça. Et puis je déconseille de commencer avec une belle planche de surf ou quoi que ce soit de fragile : la planche va faire des rencontres avec le ponton et elle ne va pas gagner, faites très attention aussi aux pocket board de kite : la plupart ne sont pas prévues pour encaisser les efforts d’un pumping : j’en ai déjà vu 2 plier ou casser.

Est-ce que ces sessions de dock starts contribuent à ta progression sur les autres supports ?

Il y a des progrès qui rejaillissent sur les autres disciplines, mais ce n’est pas juste un entraînement physique, c’est une discipline intéressante en elle-même. Les gains pour le surf foil sont significatifs en ce qui concerne le pumping pour passer d’un côté à l’autre d’un pic ou pour revenir reconnecter :

• Je les sens un peu sur la résistance et l’efficacité : j’arrive à aller plus vite et plus loin et certainement un peu plus longtemps.
• Je les sens plus sur les sorties de vagues, récupération après touchettes, toutes ces situations qu’il faut récupérer parce qu’on n’a pas assez de vitesse : finalement on se retrouve à devoir reproduire un départ de dock start.

Je ne m’y attendais pas mais le surf foil aide autant à progresser en dock start que l’inverse.

Quels conseils donnerais-tu à tous ceux qui veulent progresser en surf foil et en Wing ?

Le premier conseil c’est de passer du temps en vol, quel que soit le support. Après je pense que l’apprentissage du vol est plus facile en wing, qu’il m’a permis de progresser très vite en surf foil et que le surf foil m’a permis de beaucoup progresser en wing (pour le surf et les transitions).

En wing je pense que ce qui m’a réussi c’est de ne pas sauter les étapes.

En surf mon conseil ça serait surtout de chercher à prendre les vagues les plus petites et les plus molles possibles : tant qu’il est possible de ramer dans la vague sans que le foil frotte avec un mât de 65 c’est que la vague est assez grosse. Ne pas hésiter à se mettre sur des vagues qui paraissent impossibles à surfer tellement elles sont molles : il faut un surf volumineux pour les prendre mais ce sont les meilleures vagues pour apprendre et progresser. Un peu de vent on-shore ne doit pas vous freiner, sur certains spots c’est même beaucoup mieux parce que ça permet de partir sur des sections beaucoup plus molles.

​Quels étaient tes objectifs à tes débuts et quels sont tes objectifs aujourd’hui ?

Quand je me suis mis à la wing, le premier objectif était juste de voler et retrouver un plaisir de glisse avec le vent que je ne trouvais plus avec le windsurf. Puis il y a eu la vidéo WING : SURFING FEELINGS, la glisse devant la houle, ce surf avec l’aile à la traîne : c’était clair que c’était exactement ce que je voulais faire. Aujourd’hui sans avoir atteint le niveau de Patrice à l’époque, j’y arrive à peu près et je veux juste prendre plus de vagues, mieux réussir mes transitions pour faire de meilleures entrées et sorties.

Quand j’ai commencé le surf foil et le dock start mon objectif était de réussir à surfer 2 vagues pour un seul take-off et je n’étais pas très confiant que c’était atteignable pour moi. Cet objectif est dépassé mais j’en veux juste toujours plus 😀

Un dernier mot pour la route ?

16 mois après mon premier essai sur un foil, ce mix des pratiques m’a amené au niveau de reproduire ce qui me faisait rêver sur les vidéos de wing à mes débuts. Je fais aussi en surf foil ce qui m’avait fait rêver bien avant et qui me paraissait totalement inaccessible pour mon âge et mon poids. J’en profite d’autant plus pleinement que j’ai maintenant accès à beaucoup plus de conditions météo et je sors donc plus souvent : sur l’année 2020, même avec les confinements, j’ai réussi à prendre plus du double de sessions par rapport à 2017-2018-2019, aujourd’hui à la mi-avril 2021 j’ai déjà pris plus de sessions que sur toute l’année 2017 ou 2018.