NEWS : VOLER DE SES PROPRES AILES !

Partageant le rêve de milliers d’amateurs de glisse et de sensations fortes, Guillaume Colin a appris à voler sur l’eau avec un équipement de wing foil qu’il a adapté à son handicap ! Il nous raconte ses débuts.

Passionné par les sports de glisse depuis toujours, Guillaume Colin a longtemps pratiqué le windsurf et le kitesurf sur les spots aux alentours de Montpellier, d’où il est originaire. Sportif dans l’âme, il aime toucher à tout dès qu’il en a l’occasion, profiter des Alpes pour skier ou organiser des surf trips pour taquiner les vagues du Sud-Ouest. Un insatiable passionné qui suite à un accident le rendant paraplégique en 2015 doit trouver de nouvelles voies pour s’épanouir.

Au plaisir et à la recherche de sensations, il doit depuis son accident lier la question de l’accessibilité. Une question de taille que Guillaume ne tarde pas à relever en se remettant rapidement à l’eau, en renouant avec la glisse en para surf (waveski ou sit surf), qu’il pratique en équipe de France depuis deux ans, puis récemment avec le wing foil.

Pour cet entretien, c’est avec 9h de décalage horaire qu’il répond à nos questions car il rentre de Los Angeles où il participait aux championnats du monde de para surf avec l’équipe de France. Sous le fameux pier de Huntington Beach, Guillaume a plus qu’assuré puisqu’il remporte le titre mondial par équipe !

Bonjour Guillaume, qu’est-ce que ça fait d’être champion du monde ?

“Ça fait plaisir c’est sûr ! La compétition s’est parfaitement déroulée pour nous. On est surtout très fiers d’avoir pu montrer notre meilleur niveau. Revenir avec la médaille d’or par équipe, c’est une magnifique récompense pour le groupe. En individuel on fait également de beaux classements même si je passe complètement à côté de ma finale où je n’étais jamais en position pour la série. Mes concurrents étaient dans le bon rythme, je n’ai pas pu faire grand chose. Mais globalement c’était un super event.”

Tu t’es également fait remarquer ces dernières semaines pour tes exploits en free session, en wing foil cette fois. Comment as-tu commencé ?

“J’ai longtemps hésité je dois dire. Quand la wing s’est développée je me suis naturellement projeté sur l’eau. Mais je ne voyais personne dans ma situation tenter l’expérience et aucun matos n’était spécifiquement développé pour. J’ai dû me convaincre d’investir dans du matos pour l’adapter à mes besoins. Après de longs mois d’hésitation, je me suis lancé. J’ai acheté du matos GONG, une Flint 5’10 pour la stabilité, un foil X-Over XXL pour la portance et une Droid 4’5 pour son envergure réduite.

Comme beaucoup de débutants, j’ai fait une première session sur un SUP pour me familiariser avec le maniement de la wing mais ça s’est avéré assez compliqué. Simplement posé sur la board, je glissais dans tous les sens. Il fallait absolument trouver un moyen d’être bien attaché à la board. J’ai fait quelques trous dans ma Flint flambant neuve pour y mettre des inserts… J’ai transposé le système de fixation de mon waveski à ma board de wing. J’ai ajouté des inserts de straps à l’avant pour les pieds, une assise rehaussée et une sangle pour m’attacher.”

Qu’est-ce qu’ont donné les premiers tests ?

“Eh bien c’était pas mal du tout. Je n’ai pas tant galéré que ça au final. Chaque chute me coutait cher en termes de dérive mais en fin de session j’étais parvenu à bien comprendre le maniement de la wing et surtout à trouver une position d’équilibre. J’ai affiné les réglages de mes fixations de session en session et lors de ma quatrième session j’ai volé sur plusieurs dizaines de mètres. Enorme kif ! La session suivante je volais sur de longues distances. C’était fou de retrouver le plaisir de jouer avec le vent. Sentir le vent et la puissance de la wing dans les mains. Les sensations étaient vraiment fortes.”

Dans quelles conditions t’es-tu mis l’eau ?

“Sur des plans d’eau et en mer par temps calme, parfois avec très peu de vent, juste pour tester l’équilibre sur la board au début et le maniement de la wing. J’ai aussi pris des cours avec un moniteur qui m’emmenait en mer avec son bateau, ce qui me permettait de ne pas me soucier de la dérive. Par la suite, j’ai continué avec des potes. On se donne rendez-vous sur le spot et ils m’aident pour la mise à l’eau.”

De combien de vent as-tu besoin pour décoller ?

“Ne pouvant pas pomper, et étant toujours débutant, j’ai seulement fait une douzaine de sessions pour l’instant, j’ai besoin d’être bien toilé pour monter sur le foil. Je suis donc capable de voler quand ça souffle fort mais j’ai besoin d’élargir ma plage basse. En affinant ma technique et en jouant sur le matos je pense avoir une belle marge de progression devant moi. Raison pour laquelle j’ai pris contact avec GONG qui a répondu positivement en me proposant de tester du matos. Grâce à ce premier échange j’ai eu l’occasion de tester la Curve 3XL-H que j’ai adoré. Le glide et la portance de cette aile me permettent de voler confortablement dans 15 nœuds et de décoller dans pas tellement plus. D’autres tests sont à venir maintenant que je suis revenu des championnats de para surf. On échange pas mal sur le matos et ces tests pourront faciliter l’apprentissage pour d’autres personnes qui souhaiteraient suivre mon exemple.”

Quelles sont les premières leçons de ta courte expérience avec ce matos ?

“Concernant le matos j’ai pu me rendre compte de l’importance de la rigidité. J’avais déjà pu observer que c’était un important champ de développement pour les marques, notamment au niveau du mât. Dans mon cas c’est vraiment important car j’ai moins de possibilités d’ajustement. Pour être en contrôle j’ai besoin d’une position parfaitement équilibrée et d’un retour de sensations précis. S’il y a des flottements dans le foil ou des déformations dans le mât, je perds énormément en contrôle. Pour l’instant je travaille essentiellement sur les mousses de mon siège pour optimiser le feeling. Je dois éviter les pertes d’énergie dans un siège qui serait trop mou. Les voies de développement sont multiples et GONG m’a proposé une piste que j’espère pouvoir tester prochainement. Un feedback complet suivra.”

Quels sont tes prochains objectifs sur l’eau ?

“Consolider les jibes ! J’en suis à un sur deux pour l’instant. Ce qui est déjà pas mal mais si je pouvais éviter de perdre le vol un bord sur deux ca changerait radicalement mes sessions. Mais bon, je n’en suis encore qu’aux débuts. Ça viendra et ensuite les tacks j’espère. Je suis comme n’importe quel débutant, emballé par les progrès que je peux faire et les sensations que je découvre. Le foil notamment qui est complètement nouveau pour moi.”

Compte sur nous pour faire suivre tes progrès dans notre magazine ainsi que l’évolution de ton matos.

“Merci, c’est aussi ce qui me motive. Je suis apparemment le premier à me lancer et j’espère ouvrir la voie à d’autres avec mon expérience. Je pense que la pratique peut être rendue assez accessible avec de bons conseils et un matos adapté. Et il n’y a pas que mon cas, il existe toutes sortes de handicaps. J’ai des amis avec des handicaps différents qui avancent aussi sur le même projet. On a tous des contraintes propres mais les avancements des uns peuvent bénéficier aux autres.”