Choisir ses dérives

Ce qui est important c’est de se créer des repères pour savoir seul quelles dérives utiliser en fonction des différents paramètres.
Il n’existe que peu de règles générales et elles ne sont pas fiables à 100%. Je vais donc vous donner les grandes lignes que j’utilise. MAIS, chaque grande ligne a ses exceptions et c’est en combinant ces grandes lignes ensembles que vous parviendrez à faire les bons réglages.

Le choix d’un quiver :

1/ La première règle est de faire vos essais vous même. C’est tellement contraignant de dévisser une petite vis qu’on ne le fait jamais,,, la honte ! Prenez l’habitude de ranger votre planche dérives démontées. Ainsi, vous pourrez mieux la ranger, vous n’abimerez pas vos dérives, et vous pourrez jouer sur les réglages à chaque session.

2/ Achetez des dérives ! Pour le prix d’une board, vous pouvez acheter au moins 15 à 30 dérives !!! Sachant que c’est 50% des performances de vos planches actuelles et futures, se créer un quiver de dérive est économique et malin. Je ne dis pas d’en acheter 15, mais en avoir quelques unes et se faire plaisir à les choisir n’est pas un luxe. Vous allez vraiment apprécier en profondeur et en largeur vos planches.

3/ Ayez des dérives assez proches dans votre quiver. Souvent on ne change pas la dérive de 215 parce que l’autre qu’on a est une 160. C’est le grand écart ! Cela rend la décision encore plus difficile et du coup on ne change jamais. Ne perdez jamais de vue le principe du recouvrement, cela vaut pour pleins de choses. Ce principe est simple : dans votre quiver, chaque pièce doit couvrir un peu le programme de l’autre pour qu’il n’y ait aucun trou dans leur utilisation. Par exemple, si vous avez un 12′ et un 7’7, pas simple. Par contre, si vous avez une 9’3 entre les deux, tout devient plus facile car chaque planche couvre un peu le programme de l’autre. Et si vous n’avez pas assez d’argent pour 3 planches, il aurait été surement plus judicieux d’aller de proche en proche et de passer par la 9’3 avant une 7’7 en partant de la 12′. Pour les dérives, c’est encore plus vrai.

Dans l’eau :

4/ Quelques grands principes :
Le shape :
– plus une dérive est basculée vers l’arrière, plus elle est maniable.
– plus une dérive est courbée vers l’arrière, plus elle est maniable.
– plus une dérive est épaisse, plus elle est maniable et efficace à basses vitesses.
– plus une dérive est droite, plus elle offre de drive.
– plus une dérive est fine, plus elle est efficace à hautes vitesses.
– plus une dérive a de volume en tête, plus elle est maniable.
– plus une dérive est ramassée, plus elle est maniable.
– plus une dérive est effilée, plus elle est rapide et contrôlable.

Les roles :

– les dérives centrales créent le roll (accentuent les virages), créent le drive (le contrôle, la stabilité directionnelle), créent la bascule rail sur rail. Utilisées seules, elles créent l’accroche principale avec les rails.
– les latérales créent le renvoi (elles attirent la planche dans l’intérieur de la courbe) et assurent de l’accroche avec les rails lors de prises d’angle énormes.

Les configurations :

– le single offre le moins de trainé, beaucoup de vitesse, des passages doux d’un rail sur l’autre, des courbes rondes. Il lui arrive souvent de décrocher brutalement car il sort de l’eau. Lorsqu’il décroche, il n’existe plus que les rails pour créer l’accroche.
– le twin fin dispatche le role du single sur deux dérives plus proches des rails. De cette façon, le renvoi est plus efficace donc on génère une meilleure vitesse au pompage et plus d’accroche dans des courbes fortes. Ce dispatche permet aussi de gérer plus progressivement les décrochages qui sont répartis sur deux dérives.
– le tri fin réparti les roles du single. L’accroche et le renvoi sont délégués aux latérales et les fonctions directionnelles sont celles de la centrale. Cette répartition permet de mieux gérer des angles forts, de pousser plus donc de réduire les rayons des courbes car la planche encaisse mieux, de casser les trajectoires sans risquer un décrochage incontrolable puisque les dérives vont décrocher/raccrocher différemment les unes des autres en général.
– le quad réparti encore plus les roles du tri fin. Il y en a deux types : ceux qui doublent les latérales et suppriment la centrale, ceux qui doublent la centrale et gardent les latérales tri fin. Les objectifs sont très différents eu égard aux explications précédentes.

A partir de là, tout est possible !!!

Retenez que toutes les planches peuvent adopter tous les styles de dérives et de configurations. Certaines sont simplement plus judicieuses que d’autres.

Les éléments techniques d’une dérives sont aussi à prendre en compte :

– Les plus jolies ne sont pas forcément les meilleures !
– Le choix des matériaux est fondamental.
– L’assembalge des matériaux est tout aussi fondamental.
– La gestion du flex général et notamment du flex de tête est un élément crucial de la performance.
– Le type de box est très important car certains n’aiment pas être manipulés quotidiennement, d’autres sont trop souples, d’autres trop fragiles… Il faut du solide et facile à l’usage à mon avis.

Vulgarisation totale :

Notez l’importance de bien comprendre le role de chaque grand type de derive :

très larges = destinées aux vitesses basses et à l’accroche latérale. anti 360 et appuis à basse vitesse pour éviter de tomber dans la courbe comme un ane.

très fines = rapides et stables à hautes vitesse. attention, à la moindre erreur c’est zboubi total. mais ça ne traine pas d’eau.

très en arc = la base engage la courbe et le haut la décuple. On passe d’une courbe à l’autre de façon lente mais hyper sûre. C’est du roller automatique,, mais chiant… bref, j’aime pas.

très rectiligne : le profil est plus susceptible mais quand il marche il marche fort. Il faut que l’angle de rake soit adapté au rocker et après c’est magique. Nota : si l’angle est trop important, la dérive va cabrer la planche de sorte que si vous la titillez elle va rendre la planche plus joueuse. C’est aussi une dérive facile en 360 ou en cassage de courbes car elle est susceptible… dès que le flux décroche, il n’y a plus rien derriere pour le rattraper (schematique evidemment).

très droite = rien ne bouge rien ne bouge. sensation d’une derive enorme au prorata de la surface réelle. top pour les noses calés.

très basculée en arrière = la dérive parait deux fois plus courte. c’est top. moins de puissance mais on s’en fouiche… top en 360 helico tout en gardant une longue dérive.

grosse base petite tête = passage rail sur rail tres doux et décrochage progressif. bonne vitesse maxi.

petite base grosse tête = passage rail sur rail difficile mais violent. on y va franco et ça envoi fort. vitesse haute assez faible

profil fin = haute vitesse top et decroche à basse vitesse,,, rien sous les pieds. en dessous de 1cm d’épais, on est collé dans moins d’une taille d’homme.

profil épais = on bouffe de l’eau et on sait qu’il y à une quille là dessous !!! top à basse vitesse car on peut pousser sur quelque chose. Le jour où on fera des rails gonflables sur les planches, ces dérives manqueront d’intéret mais en attendant de pouvoir augmenter le volume des rails dans le xs = on ajoute du volume à la dérive.

profil épais en tête = suite à ce que je viens d’ecrire, on a une grosse portance en tete et de l’accroche à basse vitesse. La planche bouge super bien dans les courbes et tient la pression. Des que ça va vite ben,,, ça ne va pas vite ;-)))

profil à épaisseur décroissante = le standard car il offre un comportement doux, progressif et standard. mouai…

plus compliqué, profil courbe devant et droit derrière : on attaque bien les courbes mais on revient vite dans le droit chemin. la planche est libre du nose mais pas du cul.

profil plus courbé derrière que devant = c’est un bon plan. Ca accélère les courbes à mesure qu’on pousse dessus. Tres polyvalent.

épaisseur maxi du profil avancée, environ 80% = top à basse vitesse, ancre à haute vitesse et sifflements. on tourne tres fort autour du bord d’attaque et le reste se démerde des flux.

épaisseur maxi du profil reculée, à 50% = ouaou,,, ça fonce. Bon c’est nul en SUP parce qu’un SUP c’est lent. Ne vous enflammez pas. Raison pour laquelle un aileron de windsurf est nul en dérive de SUP. Les flux n’accrochent pas bien devant et ne savent plus à qui se fier derrière. C’est le bordel en dessous de 20 nds (on surfe en SUP entre 6 et 17 nds pour info)

épaisseur maxi qui varie de place sur le profil à mesure qu’on va vers la pointe = malin malin mais très peu utilisé, ou pas. Les flux ne vont pas d’avant en arrière sur un profil. Il y a une forte composante verticale qui s’amplifie à mesure que le profil est basculé en arrière (raison pour laquelle les profils basculés sont fins en général car l’eau y passe plus de temps). Bref, adapter le positionnement de l’épaisseur maxi à mesure qu’on approche de la tete pour s’adapter à l’accélération en tete est une idée qui a de l’avenir.

le vortex de tête = ouai, en haut (bas quand la planche est pont en haut) bref,,, ) c’est le bordel là. les flux circulent sur le profil avec une composante verticale et d’un coup… plus personne pour leur tenir la main. Bilan : ils font la ronde pour se recoller les uns aux autres (sorte de tornade vers l’arrière). Vous me direz que ça n’est pas grave, mais SI. Ca traine une dépression qui suce le profil en arrière. Et si vous exagérez, la tete de derive finit dans la cavitation et zou,,, un 360… pas d bol. Pour le limiter, ne racle pas ta dérive dans le sable et privilégie une dérive avec une pointe bien clean, pas un paté.

le twist = la derive en vrillant sur elle meme génère un effet foil : elle souleve la planche. Top pour tourner, nul pour accélérer car l’énergie perdue vers le haut, ben elle est perdue vers le haut et pis c’est tout.

le flex = la dérive peut plier latéralement. Mais surtout sa connection dans le box peut decupler ce probleme. Visseuze et vis à placo de rigueur !!! tout ce qui bouge est votre ennemi !!! sinon, tout ce que je viens de dire ne sert à rien.

le tri fin = il répartit le renvoi dans la vague sur les oreilles et le pivot (l’enroulement de vos hanches) sur la centrale. A vous de trouver l’équilibre.

l’angle des dérives latérales = plus les bords d’attaque se regardent et plus la planche est maniable et légère sous les pieds. Mais plus elle est lente. L’inverse quand c’est l’inverse.

la position des latérales = plus elles sont sur le rail plus leur effet perçu est important. mais si vous n’avez pas les cuisses pour les tenir, vous aurez l’air malin ;-))) Trop au centre : la planche est très maniable mais le rail se trouve un peu seul dans les bottoms enragés et les tubes.

la position de la centrale = plus c’est avancé, plus c’est maniable. Evidemment, si vous mettez tout en arrière, la planche est aussi plus maniable mais simplement parce qu’en stallant (cabrant) vous trichez. Plus c’est en arrière plus la planche est renvoyée dans la ligne droite, donc stable à haute vitesse et moins maniable. Basta. Dans la même idée, plus l’arrière des dérives est plein, plus on a le meme effet de remise à zéro de la courbe.

le quad = soit c’est la centrale du tri fin qui est dédoublée pour répartir le pivot sous votre papatte arrière taille 47 (entendez que les faiblards vont en chier). Soit ce sont les latérales qui sont doublées et on se focalise sur le renvoi dans la courbe. Ca fusille mais c’est intenable.

le tango = célèbre danse portoricaine des années 20 qui se danse en frotti frotta avec quatre gros barbus.

Vous m’aurez compris, j’ai ultra raccourci ce que j’aurais dû ecrire en 200 pages,,, mais bon, les bases sont là. N’oubliez pas que les fabricants négligent les dérives dans 99% des cas car c’est leur marge qui s’envole. Ca coute très cher et chacun d’entre vous doit faire son propre réglage.

Merci à J&D sans qui cette prose de fin de journée n’aurait pas été possible 😉

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Source : Team GONG SUP, comment choisir ses dérives.