Ours a écrit :Hello,
tout ceci est très flatteur et je vous remercie de croire en notre potentiel. Mais la réalité est basiquement économique.
Je ne suis pas pour le Cobra bashing. Ils ont fait faire d'énormes progrès au windsurf et je ne pense pas que leur hégémonie soit à l'origine du déclin du windsurf. Je viserai plus volontiers les pratiques de grands dirigeants déconnectés de leurs clients.
Les méthodes de vente sont moyenâgeuses, en direct des années 80. Alors certes ça correspond à une large frange des pratiquants résistants des années 80/90, mais quid des jeunes ?
Le windsurf a rapidement lutté contre le jeunisme, concentrant ses efforts d'abord sur des gloires existantes et sur des méthodes rodées.
La fin des sponsorings addictifs a été la bascule fatale selon moi.
Dès lors il aura fallu que le métier du windsurf assume seul sa propagande. Et ça coute cher !!!
L'image folle est partie en fumée, les stars se sont consumées, comme les clients, et les prix n'ont cessés de flamber.
Car techniquement le windsurf n'est devenu agréable que très récemment. Il faut bien avouer que nous avons vécu des décennies de galère innommable avec du matériel pointu, fragile ou lourd etc etc etc...
C'est depuis dix ans que tout est facile en windsurf. Le niveau hallucinant en freestyle et en vague en témoigne ardemment.
Alors pourquoi ça ne marche pas : les dirigeants accrochés aux années 80 sauront vous expliquer pourquoi.
A mon humble avis, mettez la réponse à l'envers et vous aurez la vérité.
Le secret d'une activité est de dédier toute la chaine aux intérêts des pratiquants. Hors la chaine windsurf est principalement dédiée aux dirigeants. Il est scandaleux de voir les privilèges de certains hérités d'une rente de position alors que d'autres plus talentueux triment comme des fous pour rien.
Car il s'agit bien d'une rente quand on titille votre endorphine à coups de revivals marketings dont même moi je suis facilement victime...
J'ai imaginé le foil comme ce déclencheur qui ferait dérailler les têtes pensantes. Sa récente évolution montre que c'est tout l'inverse.
Le foil est un incroyable potentiel revivifiant pour le windsurf. C'est facile, c'est beau, et ça marche fort. Tout ce qu'il faut pour être à la mode. Et voila qu'on vous rebassine avec les parcours carrés, et donc les voiles énormes sur des boards d'1m de large etc etc etc... Et pour faire sympa : hop les boards de "freeride" pour se balader à deux à l'heure...
Mais personne ne veut de planches de "freeride". C'est un choix par défaut !!!
Personne ne veut d'une twingo sans option pour vivre sa passion de l'auto !!!
Les gens n'ont pas besoin de faire du windsurf, ce n'est pas utile : c'est passionnant.
Le freeride n'est pas une version lourde et low cost du matos des pros. Le freeride est une pratique libre, totalement hédoniste !
Dès que le freeride est normé, ça n'en est plus. Le freeride c'est la passion libre de tout, pure et intègre.
Alors de quoi ont besoin les gens : d'être écoutés, considérés et regardés avec empathie.
Vous voulez vivre votre passion sous le dictat d'une élite ? Réfugiée / retranchée à Hawaii ? Qui voyage en Première ?
Allons, on parle de sport de pleine nature, pas de golf urbain mes amis.
Le foil nous promettait une pratique libre, affranchie de la météo.
Vous voulez que l'élite bosse pour vous : supprimez toutes les règles générales de course. Des parcours différents à chaque manche, totalement aléatoires, dévoilés au départ. Supprimez les vents minimums, validez toutes les manches volables pour pour un seul gars. Oui ça sera n'importe quoi, oui ça sera injuste, mais ça sera ce qu'il y a de plus proche de la haute performance en conditions réelles de l'utilisateur.
Remettez en place la notation aux trois tiers en vague : 1/3 sauts, 1/3 surf, 1/3 transitions. C'est ce que tout le monde vit sur son home spot.
Et pour les prix, je pense que GONG a montré que le modèles des années 80 est caduque. La course au bon matos poserait moins de soucis s'il coutait 60% de moins non ?
Merci.
Et voilà, fallait pas l'énerver !
[MODE HS ON]:
J'aimerais juste rajouter un truc concernant les compètes de vagues: un peu de diversité au niveau des spots serait la bienvenue. Même si le down the line ne représente pas la pratique du commun des mortels j'aimais bien une finale à Hawaii et une épreuve à La Torche. La seule année (récente) où le tour mondial ressemble à qqe chose, c'est en 2014, je vous laisse regarder qui a gagné... (OK d'autres riders sont très polyvalents, Fernandez par exemple).
[MODE HS OFF]
Sinon Cobra a fait son job: fournir à ses clients les produits à un prix et une qualité donnés. Il ont fait leur taf: prendre le plus de clients pour gagner le plus d'argent. Ils ne sont pas responsables des cahiers de charge ni en terme de shape ni en termes de construction. Donc oui, il faut regarder plus haut.
Pour le côté freeride/twingo, je pense qu'on est en train de se rendre compte qu'on s'est un peu fourvoyé en poussant la perf à tout va. Certes, cet avis n'est pas partagé par tous mais il fait son chemin petit à petit sur les spots. Le temps fait son œuvre, les boards freeride sont de plus en plus perfs et sympas à rider et surtout, surtout !, le prix du matos a tellement augmenté que ça devient un non sens ou une impossibilité de se payer du matos de slalom récent (sans compter que pour le revendre, la perte est importante).
Donc oui, la réalité est économique mais elle est aussi psychologique. On est encore trop dans un monde performance/produit jetable. Quand on se rendra compte qu'on peut envoyer 40 sessions par an à fond en twingo, avec une solidité et une revente facile sans se prendre la tête sur la rigidité de 2 ailerons carbone de même taille et surface, on aura fait un pas un avant. Malheureusement pour ça, il faut que l'humain accepte de ne pas forcément faire la course avec son prochain et se contente de prendre du plaisir (c'est très onaniste tout ça...
). De la même manière qu'on nous vend une béhème sympa pour rouler à 130 maximum, on nous vend du funboard hyper pointu. Effectivement, tout le monde veut la béhème et 1% s'en servira sur un circuit pour l'exploiter au max.
On sait tous plus ou moins consciemment que la performance a tué ce sport mais ce n'est pas venu seul. Pour ça, il faut regarder "en haut" et "à côté". Si tout ce qu'on nous montre c'est du carbone, des Vmax de ouf et des doubles loops, on finit par croire que le sport c'est ça alors que non: le funboard pour 90% des gens c'est d'abord du freeride dans un vent sympa, pleine balle avec des potes en s'envoyant des jumps et des gros jibes.
Ceci dit, le salaire moyen ne risque plus d'augmenter beaucoup, en tout cas pas autant que le coût général de la vie (sinon "en haut", ils ne peuvent plus manger les pauvres...), je me permets donc de rêver qu'une prise de conscience est possible. Par manque de moyens financiers voire même de temps, on finira peut-être par naviguer sur du concret en freeride et pas dans nos rêves de slalom/waves ? Et ça vaut pour plein d'autres choses dans la vie, mais là on va rentrer dans un débat d'ordre plus général et qui finira forcément hors sujet.
Bref, la vraie question économique serait peut-être: sommes-nous trop en avance ?
Quand faudra-t-il sortir un produit facile, de bonne qualité et bien moins cher pour trouver le bon public dans cette clientèle ?