j'écrivais par ailleurs au sujet du gonflage. Voici le contenu que je complète pour discuter ici des coupes d'ailes destinées à la performance sur l'eau versus celles destinées à la performance commerciale :
Contrairement à ce que la fée marketing raconte, notamment quand elle est propagée par la rumeur, des wings avec une chute trop rigides sont inefficaces.
C'est particulièrement vrai au pomping dans le vent léger. Avec une wing hyper tendue sur le bord de fuite, la wing cavite et on décolle deux noeuds plus tard. C'est horrible.
Idem en race où on voit que de nombreuses ailes utilisées en course sont des prototypes bien plus détendues de la chute que les wings de série qui doivent répondre à la croyance erronée que plus une aile est tendue à terre, plus elle sera efficace en nav. C'est parfaitement faux, mais c'est plaisant à l'oeil... j'en conviens.
Donc en gonflant moins la latte que le bord d'attaque, on détend un poil la chute de ce qu'il faut pour le confort de chacun.
Voila l'astuce de pro que nous vous préconisons.
N'imaginez pas que pour un niveau intermédiaire cette différence de gonflage fasse une quelconque différence de perf. Seuls les pros gonflent les wings à mort. Pour les moins exigeants (en sauts notamment), une wing un peu souple, souple je n'ai pas dit molle, sera plus tolérante et donc synonyme de performances accrues pour le rider lambda.
La différence entre "un peu souple" et "molle" est simple à voir sur l'eau, puis à reproduire dans le gonflage de la prochaine session.
- un peu souple : le bord d'attaque plie un peu dans les sauts ou le pomping énervé. On ne le sent pas raide comme une barre de fer.
- trop molle : le bord d'attaque recule dans la rafale, et il forme des petites fesses à la connection avec la latte. Là il faut gonfler plus.
Zéro drame, on gonfle et ça roule. Mais certains dont c'est le job poussent le jouet dans l'excellence, donc avec exigence dans les réglages. Le gonflage en fait partie.
Je voudrais ajouter que cette question de la tension esthétique est simplissime à obtenir : on met du dièdre et le moins de creux possible. Nous avons fait des centaines de protos depuis plusieurs années, avec toutes les configurations imaginables et inavouables.
Les wings les plus irréprochables (tendues comme des strings) au sol ne sont pas les plus performantes.
Comme pour tous shapes, on peut compenser l'excès de tension demandé par le marketing par un vrillage des tips afin de libérer l'air et créer un flux sain. Sans cela la wing est ON/OFF, et c'est détestable. Pourtant c'est beau. Mais c'est nul.
Donc la solution la plus basique est d'associer un peu de dièdre à un creux proche de zéro, considérant que le creux est produit par le volume du bord d'attaque. C'est pire que tout car ça renforce le coté ON/OFF de la wing qui ne sait pas générer un flux lisse et constant. C'est la solution du bucheron !
La solution suivante est de mettre du creux et monter le dièdre. C'est déjà mieux, mais cela engendre des comportements bizarres en maniabilité.
On peut ensuite vriller les tips pour laisser filer l'air. Mais on perd en plage basse, donc on doit augmenter le creux et donc augmenter le dièdre pour le tendre sinon les gens disent que c'est nul etc etc etc... Le dosage est délicat
En étant encore un poil plus finaud, on fait décroitre le diamètre du bord d'attaque sur les tips pour laisser le vrillage apparaitre au moment opportun. C'est délicat là aussi car cela suppose une bonne maitrise du réglage du gonflage par l'utilisateur. Mais ça marche bien, sauf en plage haute car la déformation s'accroit et génère du flap intempestif et un creux qui recule pour finir par faire caviter l'avant du profil dans certains cas.
Bref, ce que j'aimerais que vous reteniez c'est qu'une wing qui marche n'est pas nécessairement la plus jolie du parking. Loin de là... Et quand on voit qu'une bonne part du marché est faite par un seul designer qui vend ses shapes à tout le monde, qu'une autre partie est du bricolage digne du concours Lépine, on se demande vraiment si le client ne serait pas orienté sciemment vers des évidences pas si évidentes quand on pratique du R&D en profondeur.
C'est pas pour autant que nous faisons des wings moches. Nous faisons des wings avec un parfait dosage de ces paramètres pour répondre aux besoins du cahier des charges de chacun des programmes que nous définissons.
Merci.